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Malnutrition, crise mondiale. Rapport SOFI 2024

La FAO, le FIDA, l'UNICEF, le PAM et l'OMS ont publié le rapport SOFI (État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde) qui met en évidence, comme prévu, l’aggravation de la crise mondiale de la malnutrition (1,2,3).

Les Objectifs de développement durable (ODD) 2.1 et 2.2 – mettre fin à la faim, à l’insécurité alimentaire et à toutes les formes de malnutrition d’ici 2030 – sont en recul, dans une planète de plus en plus insécurisée à tous égards.

La crise de la « sécurité alimentaire », qui ne cesse de s'aggraver en Afrique, se conjugue à celle de l'obésité qui s'aggrave sur tous les continents. Et nous avons besoin d’une évaluation objective du financement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

1) Faim et malnutrition dans le monde, estimations

Estimations les estimations - élaborées sur la base de rares données et d'entretiens dans 59 pays - indiquent la prévalence de l'insécurité alimentaire en 2023 dans les termes suivants :

  • au moins 713 à 757 millions de personnes (152 millions de plus qu’en 2019) de la population mondiale vivaient dans des conditions d’insécurité alimentaire grave. Autrement dit, au moins 9,1 % des humains, dont 20,4 % en Afrique, souffraient de faim en 2023.
  • 2,33 milliards de personnes (65 millions de plus qu'en 2019), soit 28,9 % du total, avec une double prévalence en Afrique (58 %), vivaient dans des conditions d'insécurité alimentaire modérée ou sévère.
  • 2,8 milliards de personnes, soit plus d’un tiers de la population humaine, n’ont pas accès à des aliments nutritifs (voir paragraphe 3 ci-dessous).

1.1) Urgences actuelles

»100% de la population du Strip Gaza [2,2 millions] sont confrontés à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire, tout comme plus de la moitié de la population du pays. Soudan du Sud [20 millions de affamés], de Yémen [7,8 millions] et de République arabe syrienne [13 millions] et près de la moitié de la population de Haïti [18 millions]» (Rapport SOFI 2024, chapitre 2, encadré 2). (1)

2) Inégalités entre pays

Inégalités entre les différents pays sont macroscopiques et peuvent expliquer en partie comment le facteur économique, en plus des fuites face aux guerres, contribue aux flux migratoires :

– 71,5% des habitants des pays à faible revenu, 52,6% dans les pays à revenu intermédiaire faible, ne peuvent pas se permettre une alimentation saine

– cette situation touche en revanche 21,5% des résidents des pays à revenu moyen-élevé, 6,3% dans les pays à revenu élevé. (4)

Rapport SOFI

3) La malnutrition, entre faim et obésité

»Un régime sain cela s'obtient en consommant une variété d'aliments qu'ils fournissent

– nutriments adéquats e
– des composés bioactifs importants pour la santé,
– un apport équilibré en macronutriments e
– modération des aliments et des boissons qui augmentent le risque de maladies non transmissibles (MNT) liées à l’alimentation, y compris ceux qui sont riches en graisses malsaines, en sucres libres et/ou en sel et/ou qui contiennent des édulcorants autres que le sucre et qui sont souvent hautement transformé'. (1)

Obésité d’adultes continue de croître dans tous les pays, tout comme le nombre absolu de personnes qui n’ont pas les moyens de se nourrir sainement et de femmes souffrant d’anémie. La faim et l’obésité se combinent ainsi pour exprimer ledouble fardeau de la malnutrition".

Il faut donc adopter des politiques - y compris fiscales (5) - des programmes capables de faire face en même temps à des actions à double obligation qui traitentmalnutrition, carences en micronutriments, surpoids et obésité, en tirant parti des facteurs communs à toutes les formes de malnutrition".

4) Écart entre les sexes

L’écart entre les sexes en insécurité alimentaire modérée ou sévère est passée d’une différence de 1,4% entre hommes et femmes en 2019 à 3,6% en 2021.

L’écart entre les sexes la prévalence de l'insécurité alimentaire grave a également augmenté, passant d'une différence entre hommes et femmes de 0,6% à 2,3% au cours de la même période.

5) Causes

Les principaux facteurs qui sous-tendent la crise mondiale de la malnutrition se divisent en :

– des facteurs externes aux systèmes agroalimentaires. Guerres et crises humanitaires en premier lieu, mais aussi événements climatiques extrêmes ainsi que inégalités sociales fortes et persistantes. L'inflation alimentaire continue de restreindre l'accès des populations à la nourriture dans de nombreux pays

– des enjeux critiques intrinsèques aux systèmes alimentaires. Faible productivité et approvisionnement insuffisant en aliments nutritifs (fruits et légumes principalement) s’accompagnent d’une offre excessive d’aliments ultra-transformés HFSS (riches en graisses, sucre et sodium) à faible coût.

6) Besoins

»Nous devons accélérer la transformation de nos systèmes agroalimentaires pour renforcer leur résilience face aux facteurs de production clés et lutter contre les inégalités afin de garantir qu'une alimentation saine soit accessible et accessible à tous. (6)

« L'incapacité à améliorer la sécurité alimentaire et les progrès inégaux en matière d'accès abordable à une alimentation saine jettent une ombre sur la possibilité d'atteindre l'objectif Faim Zéro dans le monde [#ODD2], six ans avant l'échéance de 2030.

D’ici la fin de la décennie, 582 millions de personnes devraient souffrir de sous-alimentation chronique, dont plus de la moitié en Afrique.» (Rapport SOFI 2024, chapitre 2). (1)

7) Financement

Financement Les investissements en faveur de la sécurité alimentaire et de la nutrition par le biais des dépenses publiques nationales, de l’aide publique au développement et d’autres flux officiels sont traçables, contrairement à la plupart des flux de financement privés (voir paragraphe 7.2).

agriculture elle ne reçoit encore qu’une très faible part des dépenses publiques par habitant, avec de graves déficits dans les pays à faible revenu (PFR) et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRFI). Et cela ne représente qu’une fraction des dépenses publiques consacrées à la sécurité alimentaire et à la nutrition.

Rapport SOFI

7.1) Définitions et cartographie

La grande variété de définitions En revanche, le financement de la sécurité alimentaire et de la sécurité nutritionnelle pose des problèmes pour identifier les domaines sous-financés, garantir la responsabilité et suivre l’impact des interventions.

Je suis 'besoin urgent une définition et une cartographie communes du financement pour la sécurité alimentaire et la nutrition, car les efforts actuels manquent de précision et de clarté".

Les ressources Les ressources financières publiques et privées visant à garantir la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité d’aliments nutritifs et sûrs comprennent :

- 'des pratiques qui favorisent une alimentation saine, ainsi que des services de santé, d’éducation et de protection sociale qui les rendent possibles', Et

- 'des ressources financières visant à renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires face aux principaux facteurs déterminants et structurels à l'origine de la faim, de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition» (Rapport SOFI, chapitre 4).

7.2) Aides publiques et privées

« Sécurité alimentaire » et « sécurité nutritionnelle » ils absorbent moins d’un quart du total de l’aide publique au développement et des autres flux officiels, nationaux et internationaux.

paradoxalement, sur la période 2017 à 2021, les aides publiques semblent même avoir été dépassées par les aides privées :

  • 76 milliards de dollars de financement public par an, dont seulement 34 % ont contribué à lutter contre les principaux facteurs d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Ces flux ont augmenté en particulier pour l'Afrique (dans toutes les régions) et pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (dans tous les groupes de revenus) ;
  • 95 milliards de dollars par an, le total combiné des financements privés provenant de la philanthropie (4 millions de dollars), des envois de fonds transfrontaliers des migrants investis dans les systèmes agroalimentaires (29 millions de dollars) et des investissements directs étrangers (62 millions de dollars) ; (7)
  • les financements mixtes (c’est-à-dire les projets de recherche et de coopération cofinancés) expriment en revanche des montants modestes. ET 'les prêts bancaires nets à l’agriculture, à la sylviculture et à la pêche accusent une baisse quasi continue".

8) Recommandations

Agences des Nations Unies qui ont participé à la rédaction du rapport SOFI 2024 n'abordent pas le sujet crucial qui dépasse de fait leurs mandats respectifs, « de la nourriture, pas des bombes ». Les guerres actuelles et potentielles ainsi que la course aux armements, qui se sont accélérées ces dernières années dans différents quadrants de la planète, privent d’énormes ressources essentielles à la survie et au bien-être des populations.

Plusieurs milliards de dollars Des investissements sont au contraire nécessaires pour réaliser les progrès nécessaires vers les objectifs ODD 2.1 et 2.2. 'Autrement, les conséquences sociales, économiques et environnementales nécessiteront des solutions qui coûteront également plusieurs milliards de dollars.» (…) Des solutions innovantes, inclusives et équitables sont nécessaires pour accroître le financement de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans les pays où les niveaux de faim et de malnutrition sont élevés.".

8.1) Flux financiers

Les recommandations Les modalités d’augmentation du financement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle varient en fonction de la capacité des différents pays à accéder aux flux financiers :

– dans les pays à capacité limitée ou modérée, les subventions et les prêts préférentiels sont les options les plus appropriées, tandis que les pays à capacité modérée peuvent augmenter leurs recettes fiscales internes en liant la fiscalité à la sécurité alimentaire et aux résultats nutritionnels (par exemple, taxe sur le sucre, taxe sur la malbouffe. OMS, 2024); (5)

- 'promouvoir des partenariats de financement collaboratifs selon une approche de financement mixte est essentiel, car le niveau de risque financier peut rendre les autres sources de financement trop coûteuses';

- 'Les pays ayant une grande capacité d’accès au financement peuvent intégrer les objectifs de sécurité alimentaire et de nutrition dans des instruments tels que les obligations vertes, sociales, durables et liées à la durabilité.".

8.2) Gouvernance

»L’architecture de financement actuelle en matière de sécurité alimentaire et de nutrition est très fragmentée et nécessite (...) une plus grande coordination entre les acteurs (publics et privés) sur ce qui est essentiel au regard des priorités politiques nationales et locales. À cette fin, la transparence et l’harmonisation de la collecte de données sont essentielles".

»Bailleurs de fonds et autres acteurs internationaux ils doivent accroître leur tolérance au risque et participer davantage aux activités de réduction des risques, tandis que les gouvernements doivent combler les lacunes non comblées par les acteurs commerciaux privés en investissant dans les biens publics, en réduisant la corruption et l'évasion fiscale, en augmentant les dépenses de sécurité alimentaires et nutritionnelles et en évaluant la possibilité de réaffecter les ressources politiques. soutien'.

9) Commentaires

»Les niveaux de faim restent élevés, plus élevé qu'en 2015, lorsque nous avons lancé les Objectifs de développement durable (ODD). Au même niveau qu'en 2009, en termes de prévalence dans la population mondiale, lorsque nous faisions face aux conséquences de la Grande Récession provoquée par la crise des subprimes.".

Le directeur de la Division de l'économie agroalimentaire à la FAO David Laborde, dans une interview avec The New Humanitarian, remarque que «nous devons renforcer le traitement, non seulement sur les symptômes mais aussi sur les causes profondes'. (8)

Pays riches ils devraient faire beaucoup plus, commentent à leur tour les agences d'aide internationales telles qu'Oxfam et Action contre la faim. Soutenir le développement et la résilience des systèmes alimentaires locaux, tenir les promesses d’augmentation de l’aide publique au développement et libérer les pays pauvres du lourd fardeau de la dette. « Il y a tout simplement un manque de volonté politique pour accorder suffisamment d’attention politique et de ressources financières à la lutte contre la faim. »», déclare Hanna Saarinen, responsable de la politique alimentaire chez Oxfam International. (8)

10) De la nourriture, pas des bombes

»Pays développés ils n’ont pas tenu leur engagement de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l’aide publique au développement, ni leur engagement de longue date de fournir 100 milliards de dollars de financement climatique.», souligne Hanna Saarinen d'Oxfam.

Les mêmes pays vice versa, ils poursuivent des objectifs d’augmentation substantielle des dépenses publiques en armement et en armées. Jusqu'à 2 % du produit intérieur brut de l'Union européenne, sous le diktat de l'alliance militaire atlantique, avec des coûts sociaux très élevés. Jusqu'à?

#Égalité, #PeaceTerraDignità

Dario Dongo

Notes

(1) L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2024 – Financement pour mettre fin à la faim, à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition sous toutes ses formes. FAO, FIDA, UNICEF, PAM et OMS. Rome, 2024. ISBN 978-92-5-138882-2. https://doi.org/10.4060/cd1254en

(2) Dario Dongo. État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2023. Rapport FAO et al.. CADEAU (Grand Commerce Alimentaire Italien). 23.8.23

(3) Dario Dongo, Alessandra Mei. FAO, rapport SOFI 2023. Les coûts cachés des systèmes agroalimentaires. CADEAU (Grand Commerce Alimentaire Italien). 13.11.23

(4) Sabrina Bergamini, Dario Dongo. Quand la nourriture est un luxe. Privation sociale et matérielle dans l’UE et en Italie. Égalité. 30.7.24

(5) Dario Dongo. Politiques fiscales pour une nutrition équilibrée, recommandations de l'OMS. CADEAU (Grand Commerce Alimentaire Italien). 4.7.24

(6) Dario Dongo, Alessandra Mei. Le CSA et la FAO approuvent les « Directives volontaires sur les systèmes alimentaires et la nutrition ». CADEAU (Grand Commerce Alimentaire Italien). 8.10.23

(7) L'impact réel des investissements étrangers sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations reste, selon l'auteur, incertain, précisément en attendant une définition univoque du « financement » à cet effet.

(8) Mince victoire de Lei. Le climat, les conflits et la dette maintiennent la faim et la malnutrition à des niveaux élevés à l’échelle mondiale. Le nouvel humanitaire. 24.7.24 https://tinyurl.com/bde5umt7

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